Le dimanche 3 juillet 2016
à partir de 15h30
Ostinato : La voix des internés de la casemate A
Tarif non communiqué
Dans les anciens dortoirs des SS, la compagnie Entre les actes raconte la vie des 1 400 internés du fort de Queuleu. À deux voix.
C’est ici, dans cette salle voûtée, au premier étage du fort de Queuleu, que dormaient les SS du camp d’internement et d’interrogatoire nazi. Quand ils ne torturaient pas leurs prisonniers. « La nuit, ils nous réveillaient pour nous faire ramper, ils nous faisaient faire des génuflexions (… ) Le commandant Hempen resserrait les bandeaux – que nous portions constamment sur les yeux – tous les jours. Le sang ne passait plus, certains ont perdu la vue pour toujours », récitent Marie-Pierre Mazzari et Laurent Varin, de la compagnie Entre les actes.
Le spectacle Ostinato se joue sous le halo blafard d’une lampe de bureau. Le sol sur lequel claquaient les bottes des nazis a été recouvert de fibre de coco. On a distribué des petits coussins blancs aux spectateurs pour qu’ils n’aient pas froid sur l’estrade métallique. Face à eux, une femme et un homme livrent des bouts d’histoires qui s’entrechoquent : « Les tracts dans mon corset, (face aux gendarmes), je leur dis : "Mon porte-jarretelles vient de sauter, pouvez-vous tenir ma bicyclette ?" », rit Marie-Pierre Mazzari. « Le commandant Hempen, quand le sang coulait, un sourire illuminait sa face », frémit Laurent Varin.
Elle et lui sont dépositaires d’une vingtaine de témoignages d’anciens internés. Ils sont habités par des mois de lectures, inspirés par les travaux de l’historien Cédric Neveu, par l’ouvrage de Léon Burger, frère de Jean, fondateur du groupe Mario, tous d’eux internés au fort de Queuleu. Ils ont 50 minutes pour partager ce fardeau de l’histoire. « Comment regarder ces lieux - Comment saisir ce qui n’a pas été photographié, archivé, mis en scène - », interrogent les acteurs. C’est à l’étage inférieur, sous le dortoir des nazis, que 1 400 personnes ont été enfermées entre 1943 et 1944. « Des communistes, des déserteurs, des saboteurs, des évadés, des personnes qui écoutaient des radios interdites… » Trente-six internés sont morts à la casemate A. Les autres ont été transférés dans un camp de concentration ou une prison. C’était il y a soixante-douze ans.
Ce spectacle voulu par Jean-Pierre Burger, neveu de Jean et Léon et président de l’Association du fort de Metz-Queuleu qui anime les lieux, est une sorte d’hommage aux jeunes martyrisés mais aussi « une interrogation posée aux nouvelles générations, une mise en garde car l’histoire revient », commente Laurent Varin, directeur artistique du Tourbillon qui s’est associé à la compagnie Entre les actes pour réaliser ce docu-théâtre.
Alphonse et Madeleine, deux anciens internés, ont assisté à la première d’ Ostinato. Ils ont été « bouleversés » d’entendre leurs propres voix et celles de leurs compagnons. « On nous donnait de la soupe de rutabaga. Sans cuillère, les yeux et les mains bandées, on lapait notre pitance […]. Nous étions couverts de poussière, de crasse, mangés par la vermine. » Des professeurs étaient présents aussi : « Il faut que nos élèves voient ça ! » C’est prévu, a annoncé Jean-Pierre Burger.
Les représentations se poursuivent jusqu’en octobre. Prenez date pour le mois prochain : les dimanches 3, 24 et 31 juillet à 15 h 30 (10 €, réduit 5 €) au 06 43 67 90 43.
Lieu : Fort de Queuleu
Adresse :
Ville : Metz
Quartier : Quartier Plantières Queuleu
Département : Moselle
Région : Grand Est
Pays : France
Annoncé anonymement
le mercredi 22 juillet 2020
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